Actualité |
Le iaido... la voie du sabre
par Stucket
Le dernier journaliste ayant écrit un court article dans un journal local a qualifié le iaido (居合道) de "secret", d'un brin austère.
C'est vrai que, vu de l'extérieur, il est un peu difficile de comprendre ce qu'il se passe : un éventuel spectateur verra un pratiquant assis en seiza (à genoux) ou debout. Puis après des secondes qui paraissent des minutes, une lame jaillit pour couper dans le vide, et enfin retourner à son fourreau. Pas d'adversaire, pas trop de sueur. Nous sommes bien loin des arts martiaux traditionnels. Et pourtant...
Le but de cet article est de démystifier et surtout d'expliquer la motivation que peut prendre autant une femme dans la fleur de l'âge qu'un homme, la retraite bien sonnée, à se rendre plusieurs fois par semaine dans un dojo.
Un peu d'histoire
Le iaido, n'a pas de réel fondateur (comme Jigoro Kano pour le judo ou Morihei Ueshiba pour l'aikido).
Il faut le percevoir comme un complément du kendo (escrime japonaise se pratiquant en armure et avec un sabre en bambou : shinai).
Les hautes instances du kendo du siècle dernier se sont rendues compte que même au pays du soleil levant, les notions de respect au sabre, de danger se perdaient, le shinai étant trop souvent perçu comme un vulgaire bâton. Tout un héritage qui risquait donc de disparaître.
Elles ont donc sélectionné une douzaine de katas (suite de mouvements, combats imaginaires contre un ou plusieurs adversaires) d'anciennes écoles (koryu) et les ont codifiés à l'extrême. Respect, précision, sont de rigueur. Le salut y tient d'ailleurs une très grande place : lors d'un examen, toute erreur dans cette phase est éliminatoire.
Dans la pratique
Chaque pratiquant porte un hakama et une veste de la même couleur : noire ou blanche.
Il utilise un iaito : réplique exacte (masse, longueur, ...) d'un katana (arme de prédilection des samourais). Seule différence : le iaito ne coupe pas. A partir d'un certain niveau, au-delà du 4ième DAN (au moins 10 ans de pratique) il sera de bon ton de pratiquer avec une arme tranchante.
Les 12 katas évoqués seront donc répétés, des centaines, des milliers de fois, chacun étant en général composé de 6 parties :
Nuki tsuke | dégainer |
Seme | menacer l'ennemi |
Furikabute | armer le sabre |
Kiri tsuke | couper |
Chiburi | phase transitoire |
Noto tsuke | rengainer |
Puis, au fur et à mesure des progrès de l'étudiant, (car cet art martial est bien une étude, une voie : partie DO du mot IAIDO), l'enseignant (sensei) lui fera découvrir de nouveaux katas issus d'anciennes écoles (muso shinden ryu, katori shinto ryu, etc.). Ils ne sont pas beaucoup plus difficiles physiquement que les précédents (quoique...), par contre l'on sera plus exigeant quant à leur rendu, leur réalisme, leur expression.
Pour permettre au pratiquant de travailler les distances, la précision, certaines parties de cours se feront sans arme métallique : en effet, pour travailler à 2 ou plus, et sans danger, le bokken (sabre en bois) sera privilégié.
Le timing, la précision (angles de coupe, arrêt net de la lame), le regard, la respiration, l'attitude sont à corriger à chaque entrainement, mais aussi dans la vie de tous les jours comme l'a évoqué Ogura sensei 8ème DAN lors du stage de Versailles en novembre 2011 : l'homme doit devenir meilleur, travailler son kokoro.
En conclusion
Vous l'aurez compris, cet art martial a aussi des prétentions spirituelles. Sortir le meilleur de soi, progresser, et à un stade plus avancé, ne plus couper du vide, mais son égo.
Le prochain grand rendez-vous : du 2 au 4 novembre 2012 à Versailles. 4 sensei japonais viendront de nouveau apporter ce qu'il faut pour que élèves et enseignants occidentaux puissent encore progresser.
La fin de ce stage se concrétisera par le traditionnel passage de grade du 1er au 7ieme DAN.
Pour approfondir : le site de la fédération francaise de iaido.
Makishima10
Ayperos
En revenant rapidement sur ce que disait Death83, le but du chiburi, bien que signifiant "l’égouttage du sang" est pour se décontracter le poignet, raison pour laquelle le chiburi se fait en posant bien la main gauche sur la saya pour ne plus penser à la pression sur la droite. Vue la vitesse à laquelle on frappe, la précision clinique, pour qu'un katana se retrouve entaché de sang, il faudrait vraiment l'avoir passé à le corps.
Mais si devait être le cas d'un katana taché de sang, la gouttière, le bohi, outre son rôle d'alléger la lame et de favoriser l'écoulement du sang en coup d'estoc, permettrait de le récupérer pour ne pas gêner de nouvelles coupes et lors du noto, le pouce et l'index formant le koigushi permettent aussi de retirer le sang du bohi.
Et en passant, concernant le iaido, Tahiti (si, si) porte depuis 2014 le premier shibu français de l'ancienne école de samurai Suio-ryu et Toulouse le second shibu français, qui a voix concernant le Suio-ryu sur toute la métropole.
Stucket
Je ne souhaitais pas, à l'époque, montrer ce côté 'barbare' qui gâche un peu la noblesse du reste.
De plus, si l'on continue la pratique, cette notion va bien au delà.
Je place un lien d'un 'spécialiste' pour ceux qui veulent approfondir ...
https://surlespasdemars.wordpress.com/2013/01/20/le-chiburi-un-mythe/
Administrateur
Death83
le Chiburi est bien plus qu'une phase transitoire, elle correspond à 'l'égoutage du sang" par un mouvement bref (variant selon les écoles et katas), dont le but était bien de nétoyer la lame avant de rengainer.
血振るい se traduit mot pour mot secouer le sang.
Jeanpaul58
Sir je peux me permettre ; un petit lien vers notre petit club:
http://iaido-bonnelles.blogspot.fr/
Jean-Paul
Baka-da-na
Jaimepaslesoranges
Merci pour cet article :)
SakuD
merci pour cet article ˆ.ˆ
Tsukiyo55
Ca me fait penser à un de mes films préféré " The Last Samuraï " que bien sû tout le monde connait ou presque :p !
Manier le iaido est tout un art dans la manière de faire, il faut être en parfaite synchronisation et harmonie :) !
C'est vraiment l'écoute de soi ...
Eskarina
J'aime beaucoup cette discipline.
Administrateur
Il explique ce que c'est que d'être samurai, et donne sa vision de la vie du katana qu'il faut conserver. L'un des katana qu'il possède aurait 700 ans. Vu l'état de la lame, je n'y crois pas complètement mais son engagement et son dévouement envers la voie qu'il a choisi sont typiques des arts japonais.
Le reportage est à revoir à cette adresse ;
http://www.france5.fr/echappees-belles/emission/japon/
Kyoshim
Je pratique actuellement du kendo et je respècte aussi énormément le iaido qui est comme le kendo, une discipline riche et extraordinaire.
Nezuky
Stucket
C'est le stage de Versailles de l'an passé qui m'a convaincu d'apprendre quelques bribes de japonais : de vrais sensei qui venaient et une grosse barrière de langue, même si nous avions quelques traducteurs, beaucoup d'infos étaient perdues. Je n'irai pas au stage de cette année à mon grand regret.
Nic0las
Je connaissais un petit peu mais ces informations m'ont appris beaucoup de choses.
J'aime bien la philosophie de ses arts martiaux comme l’iaidō ou le kyūdō où l'essentiel n'est pas de voir un combat entre deux hommes mais contre soi-même.
Quand on pense que les samurai excellaient dans ces arts, ça laisse rêveur...
Tu pratiques l’iaidō Stucket?
Tracey
Keiko
Le katana est quand même une arme dangereuse. On aurait peut-être pu appeler cet art "Samurai do" ou bien "Katana do". Ça aurait permis de comprendre plus facilement ce qu'est l'iaido.
Wikas
Je connaissais le kendo mais pas le iaido, merci du partage ^^
Shiroiookami
Ichigosama
Merci à toi STUCKET de partager ton savoir sur le iaï qui mériterait qu'on s'y attarde davantage.
Jimmyjones
Donne envie de le pratiquer.
Je ne connaissais pas et pour connaître la différence entre aiado et le kyū do ferais un tour sur le site en lien merci
Instructif !
Xehanort
Stucket
Pour la note de Shiroiookami, il a dû trouver le kyudo sur le lien vers la fédération.
Ces arts martiaux très discrets ont si peu de membres, qu'ils dépendent en France tous de la Fédération de judo, jujitsu, kendo et D.A. (Disciplines Associées ...)
Lili199