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引き篭り - Hikikomori
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Définition
Il existe au Japon un phénomène de retrait social appelé hikikomori 引き篭り qui toucherait entre 200000 et 1 million de Japonais selon des estimations. Le terme hikikomori (de hikikomoru 引き篭る "se retrancher, se confiner" ) apparu pour la première fois dans les années 90 désigne cette pathologie psychosociale affectant des individus, en majorité des adolescents et des jeunes adultes qui, accablés par le poids de la société japonaise font le choix de se retirer chez eux, notamment dans leurs chambres pendant plusieurs mois (au moins 6 ) voire plusieurs années. En se coupant ainsi du monde extérieur, ils renoncent à toute vie sociale, scolaire ou professionnelle.
Causes
Ce trouble aurait plusieurs origines :
- La scolarité au Japon est marquée par les concours d'entrée pour intégrer les meilleurs établissements (collèges, lycées et universités). De ce fait, les élèves japonais sont soumis à une forte pression d'autant plus que les parents investissent beaucoup d'argent dans leurs études y compris dans les cours du soir intensifs. C'est pourquoi ils se sentent obligés de répondre à leurs attentes.
- Une autre cause est celle de l'ijime 苛め ou des brimades sous différentes formes (intimidations, moqueries, rumeurs, mises à l'écart) dans le milieu scolaire mais aussi professionnel.
- Les facteurs sociétal et familial jouent aussi un rôle. Il y a l'idée qu'on met en avant la valeur du travail au sein de l'entreprise et qu'on inculque l'esprit de compétition à l'école dès le plus jeune âge.
- On note également au sein du foyer la relation fusionnelle entre la mère et le fils aîné appelée mother complex マザーコンプレックス, ou encore l'absence (ou quasi-absence) paternelle dans des familles où le père est souvent très pris par son travail. L'enfant est alors très couvé et chôyé et entretient une forte dépendance, connue sous le terme d'amae 甘え, vis-à-vis de sa mère.
Manifestations
Les spécialistes sont divisés sur le profil-type de l'hikikomori. En effet, certains pensent que ce trouble affecte des individus dépressifs et ou de brillants élèves (en grande partie de sexe masculin, parfois l'aîné de la famille) tandis que d'autres avancent l'hypothèse qu'il existerait des individus non atteints de troubles mentaux appelés "hikikomori primaires" et des personnes atteintes entre autres de psychose ou de schizophrénie appelés "hikikomori secondaires". Une certitude demeure, l'hikikomori se retire de la société car celle-ci l'oppresse et il a le sentiment de ne pas réussir à atteindre ses objectifs.
Ne supportant pas la pression du monde extérieur, il reste enfermé chez lui ou dans sa chambre pendant des semaines, des mois ou des années. Il refuse catégoriquement d'en sortir sauf éventuellement pour faire des achats, auquel cas il privilégie les distributeurs automatiques ou bien choisit de se faire livrer.
Sa chambre jouant le rôle de zone de confort et le rassurant, il consacre son temps à regarder la télévision, lire des livres, surfer sur Internet (son unique moyen de communiquer avec l'extérieur) ou à jouer à des jeux vidéos. Il s'isole et rompt tout contact avec ses amis ou encore ses proches, même pour se nourrir. C'est pourquoi, il arrive que ces derniers lui laissent des plateaux repas devant sa porte.
S'il se trouve par chance à l'extérieur, il adopte un comportement d'évitement, fuyant ainsi toute conversation avec les gens qui l'entourent (pour les endroits déserts ) et fait tout pour rentrer chez lui le plus rapidement possible.
Son hygiène de vie se dégrade (mauvaise alimentation, manque de sommeil, manque d'activité physique) et il peut parfois se montrer agressif envers sa famille.
Développement en Asie et Occident et traitements
D'autres cas ont été détectés en dehors du Japon, et laissent supposer que ce phénomène tend à s'exporter vers d'autres pays industrialisés. On recense ainsi parmi eux :
- Les pays asiatiques voisins comme la Chine, Taïwan et la Corée du sud
- Les Etats-Unis
- L'Europe (dont l'Espagne, l'Italie et même la France)
Là encore, les avis divergent sur les mesures à prendre. Au Japon le phénomène hikikomori est un sujet tabou, et dans un pays dans lequel il est important de garder la face, les familles désemparées ont honte et hésitent à demander de l'aide. Aussi elles restent passives, pensant que l'hikikomori réintègrera par lui-même la société et continuent de l'entretenir. L'intervention d'un travailleur social et d'un psychologue est nécessaire. Une organisation appelée "New Start" tente de leur tendre la main.
En Occident, on privilégie la consultation en clinique ou l'hospitalisation. Des centres médicaux comme l'hôpital Marmottan à Paris traitent d'ailleurs les addictions aux jeux vidéos.
Personnages et fictions sur le phénomène
- Jinta ou "Jintan" Yadomi du manga et anime "Ano hi mita hana no namae o bokutachi wa mada shiranai"
- Kiri Komori du manga et anime "Sayounara Setsubou Sensei"
- Sora et Shiro du manga et light lovel "No game no life"
- "Welcome to the NHK" : anime et manga
- "Watchin TV all the time makes you stupid" : one-shot
- "Meetoru no kimochi" : manga
- "Shaking Tokyo" : court-métrage de Bong Joon-ho
- "Castaway on the Moon" : film de Lee Hae-joo
Liens (articles, reportages vidéo ) et bibliographie
- Article Wikipédia
- Article Le Monde
- Article Rue89
- Hikikomori.Fr : base de données
- "Hikikomori in Japan" : reportage néerlandais parfois sous-titré en anglais sur l'association New Start (partie 1, partie 2, partie 3 )
- "Hikikomori à l'écoute du silence" : reportage de Dorothée Lorang et David Beautru (extrait)
- "Japon : une génération perdue" : reportage du magazine "Envoyé spécial" diffusé le 30 octobre 2003
- "Hikikomori, ces adolescents en retrait" : ouvrage de Maïa Fansten, Cristina Figueiredo, Natacha Vellut, et Armand Colin
- "Parasites" : roman de Ryuu Murakami
Crédits
Vidéo "Hikikomori" de Johnathan TheHarris
Capture d'écran "Steve Conte - Living Inside The Shell"
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