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Le Shorinji Kempo
by Pimuusu
Le Shorinji Kempo est à la fois un art martial traditionnel et un système d’autodéfense efficace. Il faut comprendre par là que la force ou la suprématie ne sont pas recherchées, et que les bénéfices de la pratique du Shorinji Kempo sont avant tout le bien-être de chacun :
- amélioration de la condition physique
- développement de l’esprit
- capacité d’autodéfense
Ainsi, toujours pour les mêmes raisons, aucune restriction n’est faite quant à l’adhésion : les petits, les vieux et même les femmes peuvent venir s’entrainer. C’est à travers la pratique régulière que chacun progressera à son rythme pour réaliser son objectif, s’entretenir ou repousser petit à petit ses limites.
Cette précision est importante car le Kempo, à ses origines, fut longtemps réservé à ceux qui avaient embrassé la “prêtrise” bouddhiste.
Chacun participe dans un esprit de bien-être à l’apprentissage d’un système de remise en forme « Seiho » basé sur des massages et l’utilisation de certains points de pression du corps.
Toutefois, le Shorinji Kempo n’est pas uniquement physique car il inclut un aspect philosophique dans la pratique à travers plusieurs principes dont un fondamental consiste à prendre conscience de l’importance de l’autre.
La méditation zen assise (Chinkon) fait également partie intégrante du Shorinji Kempo.
C’est là toute la différence entre le terme français “art martial” et le terme japonais “budo” qui inclus en sus, un aspect philosophique, moral et spirituel.
Pour le côté technique, la pratique du Shorinji Kempo comporte de multiples aspects : coups de poing, coups de pied, dégagements, projections ou immobilisations sur des saisies. Cette richesse technique prépare à être confronté à tous les aspects de l’auto-défense et à réagir efficacement en cas d’agression. Cela n’a pas pour but de joutes volontaires mais les phases de confrontations à deux sont présentes pour juger des progressions et de l’harmonie dans le binôme.
Les origines
Etymologiquement, Shorinji Kempo tire ses racines du japonais “Shorin” (“Shaolin” en chinois) et de “Kempo” qui est “la voie du poing”. On en revient donc encore une fois aux moines Shaolin “monastère de la jeune forêt”, prospérant par le passé dans les Monts Songsgan dans la province chinoise du Henan.
C’est là-bas que le 28ème patriarche du Boudhisme venant d’Inde, le moine Boddhidharma (Da Mo en chinois, Daruma en japonais : littéralement “la vérité et de la loi”) laissa une marque de son passage par le biais d’une légende, devenant par la même la racine de tout art-martiaux de l’Extreme-Orient.
Cette légende raconte que le jeune homme, renonçant à son royaume et devenant moine bouddhiste, avait parcouru de nombreux kilomètres depuis l’Inde pour ainsi s’entretenir avec l’Empereur de Chine vers 520. Malheureusement, l’audience se passa mal (cela serait à priori dû à une divergence de son bouddhisme par rapport à celui de l’Empereur) et à sa sortie, il traversa le Yang Tsé sur un simple roseau pour se présenter au monastère appelé Shaolin Si (Shorin Ji en japonais, voulant dire «le monastère de la jeune forêt»). Cela ne fut pas non plus un succès et il se serait fait mettre à l’écart. Il se mit alors en méditation devant le mur d’une grotte en surplomb durant neuf ans afin de pratiquer le Bi Guan (contemplation murale). On dit que ses larmes donnèrent naissance à un théier, ou encore qu’il se serait mutilé les paupières (de là les représentations de Daruma avec l’air «féroce» et sans ses yeux), celles-ci donnant un théier après avoir été jetées au sol.
L’illumination le frappa un jour et il mit au point une nouvelle doctrine passant du bouddhisme Hinayana au Mahayana en y intégrant la méditation. Le thé a été utilisé dans les cérémonies du Chan (Zen) depuis la légende du théier.
La méditation n’était pas la seule évolution, il supprima également les textes sacrées et professa que ses adeptes trouveraient la voie de Bouddha en regardant à l’intérieur d’eux-mêmes. Ce n’est pas pour autant qu’ils s’ouvrirent tous le ventre pour y regarder de plus près, bien au contraire, car il paraitrait que les moines Shaolin furent soufflés par le Chan et qu’ils prirent alors Daruma comme patriarche.
Au fil du temps, il constata des difficultés physiques et morales chez ses disciples et mit en place une série d’exercices pour y contrer (Ken Zen Ichi Nyo). Il se servit également du Kempô légué par ses prédécesseurs, ainsi que du Yoga et du Kalaripayat, et nomma sa méthode Shi Po La Ta… Shi Pa Lo Han, «les 18 mains de Bouddha». Bien que toutes ces techniques existaient déjà depuis longtemps en Chine, Daruma fut le premier à les associer, et le triple but du Shaolin Quan Fa de Daruma (ou Shorin Ji Kempô en japonais) était donc de fortifier le mental, de maintenir une bonne santé et de donner aux moines le pouvoir de se défendre.
Daruma finit par disparaitre de façon inattendue : alors qu’on le croyait mort, son cercueil fut trouvé vide ! Certains disent l’avoir vu retourner en Inde. Il y eut alors évolution du Chan en Zen par le 6ème patriarche qui finit par s’écarter du monastère afin de ne pas imposer sa vision.
Quoi qu’il en soit, de nombreuses disciplines aussi bien chinoises que japonaises ou autres reconnaissent leurs origines en la méthode de Daruma.
Le monastère Shaolin-si devint donc à la fois le lieu de naissance du Zen et centre de développement et de diffusion des arts martiaux chinois. On peut noter également, que le développement du Kempo s’est fait indépendamment du développement du Bouddhisme. Le Shorinji Kempo moderne est l’œuvre du Japonais SO DOSHIN (de son vrai nom NAKANO Michiomi – 1911~1980).
En effet, pendant l’occupation de la Chine par les Japonais (1920-1930), il eut l’occasion d’approfondir ses connaissances martiales, notamment le Chuan Fa, auprès des derniers grands maîtres. Ensuite, il fut intronisé et désigné par son maître WEN TAIZONG, comme successeur de la Shaolin Yihemen du Nord, un des principaux courants traditionnels de l’art martial de Shaolin. Fort de cette expérience, il élabore, modernise et systématise les techniques, tout en accentuant l’aspect philosophique, empreint du bouddhisme Chan.
Cet art martial connut un grand développement et le titre de grand maître est maintenant porté par la fille de Sô. Le siège de son association se trouve à Shikoku, une des 4 îles principales japonaise.
Les symboles
Ceux-ci, bien que généralement connus visuellement pour certains d’entre eux, n’ont pas la signification que certains veulent bien y attacher. Même s’ils ne sont pas propres au Shorinji Kempo, je vais vous en présenter trois principaux.
- Le premier symbole de cette image est d’origine chinoise et exprime le TAO, l’union du positif (YANG) et du négatif (YIN). L’un se fondant dans l’autre sur une frontière en perpétuel mouvement. C’est ce qui est du moins inscrit dans le BUDOSCOPE n°14 mais en cherchant un peu, on peut lui trouver d’autres significations comme le soleil ou l’homme pour le YANG et la lune ou les femmes pour le YIN. On y retrouve donc la complémentarité et l’homogénéité.
- Le second symbole, KONGO-ZEN, représente les quatre réalités de l’univers que sont la terre, le feu, l’eau et l’air ou bien les deux principes Yin et Yang (deux courbes sinusoïdales qui s’entrecroisent).
- Le dernier est à ne pas confondre. Omote Manji n’est pas une svatiska et est devenu le symbole du Shorinji Kempo de Doshin So. C’est une représentation ancienne figurant dans les temples chinois, japonais, tibétains, indien et même en Amérique centrale. Il suggère un mouvement de rotation de courants d’énergie autour d’un pôle central. Il représenta aussi le soleil à la préhistoire. Sous cette forme, le symbole est donc appelée omote manji (“positive” car représentant l’amour, la miséricorde et le bonheur). Si vous observez bien, cela est en opposition à la svatiska où l’on peut lire une « S » avec l’une des branches. Totalement inversée, la svatiska est appelée Ura Manji et condense fureur, destruction et malheur. C’est sous cette forme qu’elle fut associée à l’hitlérisme.
Le Shōrinji Kempō Seïgidō Ryū
Au final, le Shorinji Kempo est devenu une voie pour son bien-être et celui des autres, ainsi qu’une technique d’auto-défense en cas d’agression. Bien sûr, tout va dépendre de l’agression et je me rappelle mon sensei nous expliquer avec ironie que face à une arme à feu, cela restait d’une efficacité limitée aujourd’hui. Mais justement, le côté auto-défense était tout à fait approprié aux origines des arts martiaux car les combats étaient quasiment tous au contact (oui bon d’accord, sauf pour les archers).
En parlant de Shorinji Kempo en France, je ne peux pas faire l’impasse sur une nouvelle ramification qui y est née en 1997 et fondée par Mr Albertini. Désormais devenu une forêt, cette branche s’appelle le Shourinji Kempou Seigidou Ryuu.
Le travail de présentation et d’explication y est déjà présent sur le site web et je vous invite à y aller faire un tour pour en apprendre plus sur les origines, les techniques, la méditation et tous les autres aspects de cet art martial. Rien que d’en parler, après plus de 15 ans d’arrêt de la pratique, je sens que cela me manque et pense que je vais y retourner, pour le bien être, sans soucis de la compétition que l’on peut rencontrer dans les autres sports.
Si cela vous a intéressé et que cela a éveillé peut-être l’envie de pratiquer, sachez qu’il existe de nombreux clubs en France. http://www.isksr.org/ou-pratiquer-les-clubs/
Dans tous les cas merci de m’avoir lu et à bientôt.
Sources
- Le site officiel mondial : http://www.shorinjikempo.or.jp/wsko/index.html
- Le site officiel du Shorinji Kempo en France : http://www.shorinjikempo.fr/
- Le Shorinji Kempo Seïgido Ryu Hombu Dojo : http://www.isksr.org/ (fondé par mon ancien Sensei M. Albertini)
- Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Shorinji_Kempo
- Le livre BUDOSCOPE n°14 “Découvrir le Shorinji Kempo” par R. Habersetzer Ed. Amphora.
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